Tout d’abord, la littérature prête à l’abeille noire un caractère agressif pas toujours justifié. Pour cause, le terme abeille noire comprend souvent différents écotypes et races d’abeilles. Ainsi, la petite carnica, la caucasienne, l’iberica et la major sont des abeilles de couleur noires. Cependant, elles ne sont pas ce que nous appelons communément en France Apis Mellifera Mellifera.

Ma colonie est très douce, est-ce vraiment de l’abeille noire ?

Encore une fois, l’abeille noire n’est pas synonyme d’agressivité. En fait, cette idée provient entre autres de son comportement lors des visites. Les observations classiques pour un non initié lors d’une visite d’abeilles noires caractérielles sont les suivants :

Hivernage abeilles noires

Dans un premier temps, en soulevant le premier cadre la colonie, on constate une forte agitation … Cette sensation s’amplifie au fur et à mesure de la visite. En premier lieu les jeunes abeilles virevoltent dans tous les sens et abandonnent le centre du couvain. Ensuite elles se réunissent parfois en grappe en bas du cadre d’autres paniquent et volent tout autour de la ruche. Enfin d’autres sautent sur les autres cadres et on sent la pression augmenter au fur et à mesure du temps. Arrivé au centre de la colonie, c’est l’effervescence et l’agitation est à son apogée.

L’apiculteur a ici l’impression de faire face à une abeille très agitée et prête à lui sauter dessus. Il n’y a normalement aucune raison pour que cela n’arrive si vous interagissez correctement avec votre colonie. Et une bonne attitude doit commencer dès votre entrée dans le rucher.

NB : Bien entendu, cela est valable dans le cas d’un essaim naturellement caractériel. Ici nous ne parlons pas des souches noires sélectionnées pour leur douceur.

Le cas des abeilles noires défensives

Tâchons dans un premier temps de comprendre pourquoi cette abeille réagit ainsi. L’homme a sélectionné l’abeille noire au fil des années pour sa rusticité et sa production de miel. Cette sélection s’est faite au détriment de la douceur qui la caractérisait autrefois. N’oublions pas qu’il y a un peu plus d’un siècle, presque chaque ménage avait une ruche au fond du jardin. Une ruche couvrait la consommation annuelle de sucre. L’abeille douce qui cohabitait avec les enfants dans la cour était bien notre abeille noire.

Le caractère défensif est génétique. Il résulte d’une sélection non raisonnée et d’une hybridation non maîtrisée. C’est aussi un sujet comportemental : la multiplicité des facteurs de stress comme le frelon asiatique, le varroa, les interventions humaines dans les ruches. Sans oublier les changements climatiques, les monocultures et autres sujets.
Autant d’éléments qui impactent le caractère de notre abeille noire.

Il n’en reste pas moins que c’est une abeille qui pardonne presque toutes les erreurs de gestion. Elle ne pardonne toutefois aucune erreur de manipulation.

Comment se passe une mauvaise visite avec des abeilles noires ?

L’arrivée au rucher

Début de visite, vous arrivez au rucher (temps orageux) avec votre véhicule bruyant et votre enfumoir. Vous préparez votre lève-cadre, votre enfumoir et le nécessaire pour votre intervention. Après avoir posé un peu trop fortement votre enfumoir sur le toit métallique de la colonie, vous décidez d’y poser le lève-cadre. Déjà deux secousses qui activent les gardiennes.

L’ouverture de la ruche

Dans un second temps, vous enfumez la colonie par le devant. Les ouvrières en panique remontent sous le nourrisseur et bousculent la reine dans tous les sens. La fumée s’accumule dans le corps. Les plus vaillantes essaient tant bien que mal de ventiler la colonie pour évacuer cette fumée. Les ouvrières s’attellent à récupérer du miel en vitesse.
Après quelques secondes seulement, vous retirez le toit en le déposant au sol. Parce que le bruit de la taule qui claque est perceptible, vous évitez l’erreur. Toutefois, pour décoller le nourrisseur on vous a appris à positionner le lève-cadre horizontalement. Puis à mettre un coup de poignet ferme pour séparer sèchement les éléments. À ce stade, une souche défensive a déjà atteint un point de non-retour. Il ne manque qu’une petite goutte d’eau pour faire déborder le vase. C’est à ce moment-là que vous prenez une décision totalement inattendue mais apprise en rucher école. Vous enfumez de nouveau par le haut (un seul enfumage par le haut aurait été suffisant). Les abeilles redescendent dans le bas de corps …

Les premières agitations

Les abeilles les moins patientent volent de façon énergique. Quelque chose ne va pas. Les ouvrières très énervées bousculent encore une fois votre reine. Vous décidez alors de sortir le premier cadre que vous faites retomber brusquement sans faire exprès… Arrivé au deuxième cadre, c’est l’effervescence et l’agitation est à son apogée. Tandis qu’une vieille abeille semble absolument vouloir traverser votre voile, elle focalise toute votre attention avec un bruit qui s’apparent à un cri très aigu. Vos gestes deviennent moins précis et vous claquez les cadres suivants dans la précipitation. Pour finir elle vient stimuler votre odorat en diffusant une odeur de banane citronnée. Cette odeur précède la venue de dizaines d’abeilles sur votre voile, vous le savez. Vous comptez les dards qui s’accumulent sur vos gants sans les retirer. Puis vous comptez les cadres restants en espérant terminer rapidement cette visite. D’ailleurs elle aurait surtout pu être bien pire avec un emballement de la reine remettant en cause la production de cette colonie.

« Emballement d’une reine : C’est la formation d’une boule compacte d’abeilles en grappe autour d’une reine. La séparation de la boule est difficile et une résistance palpable maintien cette boule en l’état. Pour finir, deux issues possibles : la mort de la reine ou sa meilleure protection »

Bilan de la visite

Gardons en tête que cette abeille se défend contre les agressions externes. Puis qu’elle met 15 jours pour pardonner des actes que vous reproduisez chaque week-end.

Notre conseil : identifiez les points en gras et tâchez de ne plus les reproduire lors de vos prochaines visites.

S’il n’y a pas d’amélioration, le problème provient ou de l’emplacement de la colonie, ou de sa génétique. En déplaçant de 1 mètre par semaine votre colonie, vous observerez rapidement une amélioration s’il s’agit d’un problème d’emplacement. Sinon vous devrez observer les pressions externes (guêpe, frelon, autre ruches). S’il n’y a rien d’anormal, vous pouvez envisager un remplacement de votre reine.

Un essaim d’abeilles noires pour débuter ?

Nous commercialisons des essaims d’abeilles noires auprès de débutants et auprès de professionnels. Si les professionnels savent conduire des colonies d’Apis Mellifera Mellifera, nous donnons toujours quelques astuces aux débutants. Face aux difficultés, ces derniers ont tendance à remplacer leurs souches par des Buckfast. Une abeille réputée plus docile voir à remettre en cause leur engagement apicole.
En faisant fi des problèmes de comportement, l’abeille noire est pourtant bien plus adaptée aux débutants. Surtout que le débutant en noire ne comprendra pas pourquoi il doit nourrir ses colonies. Ni pourquoi elles n’accumulent pas assez de réserves. Exception faite des souches Buckfast sélectionnées mais inaccessibles en termes de prix. Mais qui présentent toutes les qualités de gestion des réserves de l’abeille noire.

Comment réagir en cas de colonie agressive pendant une visite ?

Il nous arrive également de faire des gestes brusques avec la fatigue ou la maladresse. Dans ce cas nous évaluons l’énervement de la colonie par suite des gestes approximatifs. Dans le cas où la colonie s’apprête à nous bondir dessus nous arrêtons la visite et la reportons d’une semaine. Si la colonie est très agressive sans raison, nous la visitons en dernier pour identifier le problème.
L’apiculture est une activité qui nécessite une humilité à chaque visite. Remettez-vous en question à chaque visite et avant d’incriminer la génétique de votre reine. Notamment si vous observez le problème sur plusieurs colonies.

 

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